Il y a quelques années seulement, prévenir le cancer revenait
à changer d’alimentation. Puis s’est installée une compréhension holistique de cette maladie. De notre alimentation à notre perspective existentielle, la prévention du cancer s’inscrit
dans une quête de sens.
Le sens apposé à l’expérience de la vie sous forme humaine est multiple et varie selon les traditions et croyances. Cependant, si l’on s’émancipe de la vision purement matérialiste du vivant, un nuancier de valeurs métaphysiques est proposé à la compréhension du phénomène « vie ». Du côté des philosophies orientales, grandes exploratrices du sens de l’existence, revient l’expression d’un dessein plus grand que la seule identité propre à chaque individu. Et l’ayurveda, système de santé traditionnel indien, le souligne : prendre soin de son corps et de sa psyché n’a de sens que pour accomplir pleinement son expérience humaine, son dharma.
Ainsi, la prévention des maladies et, entre autres, du cancer n’est pas une simple perspective de confort, mais bien un engagement à préserver son organisme afin d’avoir le temps de s’accomplir. Depuis la médecine conventionnelle jusqu’aux traditions indiennes et chinoises, comment prévenir le cancer ? Quelle est la place de la conscience dans la prévention du cancer ?
Un problème d’inadéquation avec le mode de vie moderne
Le renouvellement des cellules du corps humain est permanent et chaque jour, plusieurs centaines de milliards de cellules sont éliminées pour laisser place à des cellules neuves. À titre d’exemple, chaque minute, un million de cellules de notre intestin sont renouvelées. Or, l’intestin est un organe clé dans le maintien d’une bonne santé physique et psychologique. Le professeur Castronovo, nommé en 2000 directeur du centre de cancérologie expérimentale de l’université de Liège et membre de l’Académie royale de médecine en Belgique, nous l’explique : «
80 % du système immunitaire se trouve dans les intestins, avec notamment deux kilogrammes de bactéries qui assurent l’équilibre du microbiote. L’intestin est la première et la plus importante barrière immunitaire pour prévenir le cancer. »
Cependant, l’alimentation moderne, trop sucrée, trop transformée, inadaptée à notre organisme, crée un facteur d’inflammation et d’acidité favorable au développement du cancer. Le professeur ajoute que «
la grande majorité des inflammations propices au cancer naissent dans l’intestin ». C’est pourquoi il parle de maladie de civilisation quand il parle du cancer. Car si l’être humain a eu une alimentation stable durant plus d’un million de générations d’individus, depuis trois générations seulement, l’homme consomme de manière très différente. Il y a alors une «
inadéquation de notre programmation génomique avec notre environnement actuel ». Autrement dit, l’organisme humain n’est pas adapté pour survivre dans l’environnement qui lui est proposé actuellement.
À ce titre, le ministère des Solidarités et de la Santé et l’Institut national du cancer l’affirment : 40 % des cancers pourraient être évités en changeant les comportements quotidiens. Cela représente 140 000 cancers sur les 355 000 diagnostiqués chaque année en France. «
Bien qu’elle soit essentielle, la prévention n’est pas encore perçue par chacun comme un levier de lutte contre les cancers, et les changements de comportements individuels sont difficiles et lents. S’ensuit une perception fataliste de la maladie, plaçant les facteurs de risque génétiques et environnementaux bien au-dessus des facteurs comportementaux que sont le tabagisme, l’alcool, l’alimentation déséquilibrée, le manque d’exercice physique, le surpoids et l’exposition aux UV », expliquent les deux institutions. Les campagnes de sensibilisation se multiplient pourtant, tout autant que circulent des informations dans les médias et les contenus de vulgarisation médicale proposés par certains médecins. Mais la prise de responsabilité individuelle reste insuffisante selon le professeur Castronovo, qui sensibilise lui-même aux méfaits du sucre dans sa «
chronique d’un tueur en série ». Alors, quelles pistes essentielles est-il possible d’explorer pour s’engager dans une démarche de prévention ?
L’intestin est la première et la plus importante barrière immunitaire pour prévenir le cancer.
Limiter l’inflammation et l’acidité
Pour parer à l’éventualité du développement d’un cancer, le professeur Castronovo recommande une alimentation à grande dominante végétale pour prévenir les inflammations, accompagnée d’une mastication lente qui prédigère les aliments. Il propose aussi une diminution drastique des sucres rapides – facteur principal d’inflammation – et l’augmentation de l’activité physique, car «
nous sommes programmés pour marcher 15 kilomètres par jour », nous explique-t-il. «
Véritablement, nous nous caramélisons, dans un environnement pollué par les pesticides, les métaux lourds, la radioactivité, associé à un indice glycémique élevé et une trop faible consommation d’antioxydants, c’est un environnement très favorable au développement des cellules cancéreuses. »
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