Sentiment d’oppression, courants d’air froid, impression d’être observé… Nos habitats réservent parfois de drôles de surprises : des colocataires passés à trépas, plus ou moins bienveillants. Comment réagir lorsque c’est le cas ? Est-il possible de « libérer » les lieux soi-même ? Voici quelques éléments de réponse.
«
À vendre, grande maison ancienne. Colocataires défunts inclus… » Cet été 2023, les studios Walt Disney présentent leur nouveau film,
Haunted Mansion (Le Manoir hanté), inspiré de l’une de leurs attractions, le célèbre manoir de Disneyland. Gabbie, la principale protagoniste, emménage avec son fils de 9 ans dans une demeure au prix étonnamment abordable… D’étranges événements s’y produisent, si bien qu’elle fait appel à un prêtre, à un expert en paranormal, ou encore à un médium !
Et vous, que feriez-vous en de pareilles circonstances ? Selon un sondage mené par une société immobilière
(1), un Français sur deux croit que sa maison peut être hantée. Que vous viviez dans une vieille demeure ou dans un logement moderne, de nombreuses raisons peuvent expliquer la présence d’entités. Parfois, la colocation se fait sans encombre, comme l’explique Raymond Lafeuil, passeur d’âmes : «
Il m’est arrivé d’annoncer la présence d’une entité chez une personne. Étonnamment, celle-ci était au courant et s’en accommodait très bien, expliquant même que l’entente est excellente, qu’ils regardent la télé et mangent ensemble… » Mais il arrive que la cohabitation devienne gênante, anxiogène ou énergivore, rendant alors la vie des occupants vivants impossible. «
On peut se sentir mal, parfois on ne peut plus dormir dans une pièce. Selon moi, une entité devient toujours, à un moment ou à un autre, source de désagréments. Naturellement, elle voudra de l’aide pour partir, et ce chemin peut être difficile. Elle aura parfois besoin d’un coup de pouce, et peut alors faire appel à des moyens très désagréables pour délivrer son message. » Pas facile en effet de communiquer d’un monde à l’autre…
Des esprits chez soi, vraiment ?
Dans un premier temps, quels sont les signes incontournables indiquant que des entités se trouvent bel et bien dans les lieux ? D’après Raymond Lafeuil, il existe un panel d’indices qui ne trompent pas : le sentiment d’être observé, des courants d’air froid, des portes qui claquent, des objets qui bougent ou des problèmes électriques sans cause technique apparente. Il arrive aussi que certaines personnes sensibles, notamment les enfants, puissent voir ou entendre les personnes décédées…
Que faire alors si votre habitat est hanté ? Est-il réaliste de libérer les lieux sans avoir recours à un spécialiste ? «
Pratiquement tout le monde peut accompagner le départ d’une entité sympathique, avec un peu d’amour. Une prière n’est jamais perdue, et peut suffire. On peut l’offrir à notre guide, qui la transmettra au défunt pour son évolution. Pas besoin d’une prière bien définie, cela peut être avec nos propres mots. On peut également lui faire comprendre qu’elle est attendue de l’autre côté. »
Toutefois, il arrive que les fantômes soient récalcitrants, farceurs, ou agressifs. Dans de tels cas de figure, la vigilance est de mise. Raymond Lafeuil conseille : «
Leur parler dans leur langage, même avec des noms d’oiseaux, peut être utile. Mais même en faisant cela, on doit toujours terminer avec de l’amour. L’aide d’un professionnel peut parfois être nécessaire dans certains cas. »
Maintenir une vibration élevée dans votre habitation est un bon moyen d’anticiper la venue d’une entité, ou peut suffire à la faire partir. Le passeur d’âmes recommande par exemple la musique classique : «
Beethoven, Mozart constituent des ondes très puissantes et peuvent aider à nettoyer une pièce. Les parfums également ont leur importance, telle la sauge. »
Que dit la loi ?
Vous avez tout essayé, et rien n’y fait ? Vous êtes décidé à quitter les lieux ? Quels sont alors les recours possibles ? À la Renaissance, sur fond de guerres de religion et d’épidémies de peste, la justice française se penche sur les fantômes. On leur reconnaît alors une existence légale qui peut valoir rupture de bail. Mais qu’en est-il aujourd’hui ?
Outre-Atlantique, dans l’État de New York, le sujet a fait l’objet d’une étude poussée au début des années 1990. Une femme décide de vendre sa maison qu’elle considère hantée. L’acheteur ne sera pas prévenu de cette particularité… Lorsqu’il l’apprend, il entame des procédures en résolution de la vente ainsi qu’en dommages et intérêts pour fausses représentations à l’encontre de la vendeuse. Le tribunal donnera raison à l’acheteur, considérant que la femme avait caché ces informations. Plus récemment, en 2012, une autre affaire fera parler d’elle aux États-Unis. Un jeune couple avec enfant loue une maison à Toms River, dans le New Jersey, sur la côte est. Très rapidement, d’inquiétants phénomènes paranormaux se seraient manifestés : des portes qui s’ouvrent et se referment brutalement, des lampes qui clignotent, des objets qui tombent sans raison ou encore des bruits de pas inexpliqués. Le couple décide de fuir, et demande une restitution de la caution. Cette fois-ci, le jugement donne raison au propriétaire.
Et en France, quels sont donc les droits d’un locataire ou de l’acquéreur d’une maison qui se révélerait hantée ? Un recours pour vices cachés peut-il être reconnu ? Si aucun antécédent ne semble exister dans l’Hexagone, nous devons nous contenter de suppositions. D’après l’article 1641 du Code civil, un vice caché est un défaut qui rend le bien impropre à l’usage auquel il est destiné ou qui réduit considérablement cet usage. Selon l’avocat Jason Benizri
(2), en l’espèce, tout moyen de preuve pourra être admis dès lors qu’il n’est pas déloyal ou obtenu frauduleusement : «
On peut imaginer des témoignages recueillis auprès du voisinage, des attestations, des photos ou enregistrements des manifestations paranormales […], voire pourquoi pas un rapport rédigé par un professionnel du secteur. Le juge peut également s’adjoindre les services de tout professionnel afin de l’aider à faire surgir la vérité. Seulement, à ce jour, il n’existe pas de médium “expert” qualifié auprès d’un tribunal ! »
Légalement, le bailleur doit garantir au locataire la tranquillité dans son logement. «
Si des portes viennent à claquer de manière intempestive, si des voix lugubres se font entendre à la cave, ou si surviennent des bruits de pas inexpliqués au grenier, le locataire devrait pouvoir faire intervenir son bailleur afin qu’il procède ou fasse procéder aux “réparations” appropriées », explique l’expert. Enfin, Raymond Lafeuil conseille : «
Lors de la visite des lieux, le premier instinct est important, c’est en quelque sorte notre signal d’alarme. » L’idéal pour éviter de tels désagréments est sans aucun doute de choisir consciencieusement son lieu de vie.
(1) Site Immonot, article
« 51 % croient aux maisons hantées ! »
(2) Site Village de la Justice, article
« Ma maison est hantée ? J’appelle mon avocat ! »