L’étude approfondie des états modifiés de conscience, et en particulier de l’expérience de sortie « hors du corps », a conduit Sylvie Déthiollaz, biologiste, à comprendre l’importance de la spiritualité dans nos existences. Science et quête de sens se révèlent plus que jamais compatibles.
« Face aux nombreux témoignages de personnes qui affirment vivre des phénomènes hors du commun – comme les expériences de mort imminente (EMI), les sorties hors du corps (OBE en anglais pour “Out of Body Experience”), la voyance ou la médiumnité – les deux attitudes les plus répandues sont la crédulité et le rejet en bloc. Aucune de ces deux attitudes n’est juste d’un point de vue philosophique, car elles partent d’un a priori non rationnel. » Ces mots de Frédéric Lenoir sont extraits de la préface qu’il signe pour un ouvrage appelé à faire date :
Voyage aux confins de la conscience, 10 années d’exploration
scientifique des sorties hors du corps, par Sylvie Déthiollaz et Claude Charles Fourrier. Le livre raconte avec force détails la recherche menée en particulier avec un sujet « doué » pour la sortie hors du corps, Nicolas Fraisse, qui manifestera également des talents avérés pour la vision à distance, la télépathie et même la médiumnité. C’est d’ailleurs là que l’enquête fascine : quand on le teste pour l’OBE, il fait de la vision à distance, et quand on le teste pour la vision à distance, il fait de la médiumnité !
De quoi dérouter les chercheurs, qui finissent en outre par recevoir, via Nicolas Fraisse, des messages d’une beauté et d’une richesse spirituelle hors du commun, leur signifiant que cette quête scientifique ne saurait être une fin en soi, car toute spiritualité doit naître avant tout d’un questionnement intérieur. Rappelons que les expériences de sortie hors du corps sont ces vécus particuliers au cours desquels le sujet a la sensation que sa conscience « s’extrait » de son corps physique pour devenir capable d’observer son environnement. On retrouve ces descriptions dans de nombreuses EMI dont la sortie du corps constitue une première étape, mais le phénomène peut être vécu isolément, avec ou sans induction volontaire. Comme il l’explique au début du livre, Nicolas Fraisse vit ce type d’expériences spontanément depuis l’enfance.
En tant que chercheur, n’est-on pas désarçonné par des messages reçus par médiumnité qui disent que la quête de la preuve scientifique est vaine, que l’important est ailleurs ?
Nous ne le vivons pas mal car ce n’est pas la première fois. « On » nous a souvent dit, à travers des messages, qu’il ne fallait pas se tromper de but, que ce que nous faisions n’était pas assez spirituel. Nous avons parfois eu l’impression de nous faire « remonter les bretelles », ou même qu’il y avait une volonté pour que cette preuve nous échappe, pour nous dire que ce n’était pas la bonne voie… Malgré tout, je pense qu’avoir une démarche scientifique est important ; cette rigueur fait aussi que l’on nous écoute plus. Mais en effet, il ne faut pas se perdre dans cette recherche de la preuve. Il faut en passer par là, parce que cela nous donne une crédibilité, mais ce n’est pas le but ultime. Ces recherches doivent ouvrir à la spiritualité, sinon elles n’ont pas de sens. La « preuve définitive » nous échappera probablement toujours, peut-être afin que les gens entrent dans le vécu de cette autre réalité pour en être convaincus.
Bio express:
Docteure en biologie moléculaire, Sylvie Déthiollaz a fondé en 1999 à Genève le centre Noêsis pour proposer une structure d’accueil et d’écoute des vécus extraordinaires, et mener une recherche scientifique sur ces sujets. Noêsis est devenu en 2012 l’Institut suisse des sciences noétiques (ISSNOE), au sein duquel elle collabore avec le psychothérapeute Claude Charles Fourrier.
Un des messages reçus le dit clairement, cela doit partir d’un questionnement intérieur…
Oui. Le monde va tellement mal que l’on ne changera pas les choses intellectuellement mais en changeant les gens de l’intérieur. Notre démarche s’inscrit aujourd’hui dans cette idée.
Ce glissement de la recherche scientifique sur les états modifiés de conscience vers la prise en compte de l’importance de la spiritualité est illustré par le parcours personnel qu’a lui-même vécu Nicolas Fraisse.
C’est vrai. Nicolas n’était pas du tout « spirituel » quand nous l’avons rencontré il y a dix ans. Il mettait un peu tout dans le même sac : religion, ésotérisme, New Age… Il a un esprit très cartésien, très rationnel, ce qui est paradoxal compte tenu de ce qu’il vit. Nous l’avons vu changer progressivement et comprendre que ses expériences l’amenaient à un autre niveau de conscience, à une ouverture au niveau du cœur et au niveau spirituel. Il a découvert la compassion et des sentiments qu’il n’éprouvait pas auparavant pour son prochain, en particulier quand il a vécu des « incorporations » et qu’il s’est retrouvé « dans le corps » de plusieurs personnes très différentes de lui. Cela a été pour lui une expérience incroyable, il avait le sentiment qu’« on voulait » qu’il vive de l’intérieur ce qu’est l’humanité, et même d’autres formes de vie, pour qu’il s’ouvre à la compassion. C’est en grande partie cette expérience qui l’a amené à la spiritualité.
Vous n’avez pas obtenu la preuve flagrante de l’OBE que vous recherchiez au plan statistique, mais il y a tout de même eu plusieurs cas où la « cible » a été perçue par Nicolas.
Oui, ce qui est très positif pour nous, c’est qu’à chaque fois qu’il a dit :
« Je suis sorti de mon corps, je suis allé voir la cible, je suis prêt à faire un choix parmi les images proposées », il ne s’est jamais trompé. Cela s’est produit sept fois et on peut dire que c’était du 100 %. Nous aurions aimé qu’il en soit capable un plus grand nombre de fois, mais c’est tout de même un résultat fort. Dans les autres cas, soit il n’arrivait pas à sortir, soit il partait ailleurs que dans la pièce où se trouvait la cible, tout en ramenant cependant des informations parfois vérifiables.
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