Il est des demeures qui présentent des phénomènes très perturbants et semblent habitées par des esprits, notamment d’enfants. Comment appréhender la présence d’une âme partie trop tôt lorsque la rencontre se produit ?
Le domaine de Suscinio en Bretagne, l’auberge du
Ram Inn en Angleterre, la maison d’Amityville aux
États-Unis, le château de Fougeret dans la Vienne…
Des témoignages sur la présence d’âmes errantes d’enfants
dans des lieux circulent pour parfois devenir des
légendes. Quand certains propriétaires nient complètement
les faits, soit parce qu’ils n’ont rien ressenti, soit
parce qu’ils ont peur que cela leur nuise, d’autres les
utilisent pour faire fructifier leurs affaires. C’est le cas
de l’auberge du Ram Inn en Angleterre, construite en
1145 et rachetée par la famille Humphries en 1968
pour en faire une maison d’hôtes. Dans cette bâtisse,
le bois du parquet craque, les portes se ferment toutes
seules, des objets se déplacent mystérieusement, la
température chute brutalement… À proximité de
l’escalier, dans les murs, des témoins affirment avoir
entendu des murmures et des cris d’enfants. Après
avoir découvert des ossements de petite taille, la famille
apprend que la maison a été construite sur un
cimetière sacrificiel. Le lieu, repris par la fille de John
Humphries, mort en 2017, accueille aujourd’hui des
événements paranormaux et des chasses aux fantômes.
Munis d’un équipement de détection sonore et visuelle,
des chercheurs du Ghost Club, la plus ancienne
organisation d’enquête et de recherche paranormale,
fondée à Londres en 1862, sont venus réaliser toute
une batterie de tests, pour confirmer certains phénomènes
dans cette auberge réputée comme la plus
hantée d’Angleterre. C’est ce que fait également en
France l’association Bretagne Paranormal, créée il y a
sept ans. Les enquêteurs, appelés par des propriétaires
de lieux rencontrant des manifestations inhabituelles,
se rendent sur place pour déterminer si ces dernières
proviennent d’un problème électrique, tellurique ou
bien paranormal. Pour ce faire, ils utilisent des détecteurs
de mouvement d’ondes électromagnétiques
(EMF), des caméras thermiques infrarouges, des « Spirit
boxes » PSB7 ou de simples micros, dictaphones et
lampes de poche. «
Dans un reportage pour France 3,
on a demandé à l’entité de l’enfant censé errer dans le
château de Suscinio [le fils d’un capitaine de la garde
mort vers l’âge de cinq ans, selon la légende, NDLR]
de se manifester à travers une lampe. Ce qu’il fit en la
faisant clignoter », raconte une enquêtrice. Une fois la
source du problème identifiée, reste à faire appel à la
bonne personne pour le régler. Quand ce n’est pas un
électricien ou un géobiologue, ce peut être un passeur
d’âmes ou un exorciste.
Exorcistes ou passeurs d’âmes
Quelle est la spécificité des âmes errantes d’enfants par
rapport à celles d’adultes ? D’après le passeur d’âmes
Yannick Salles, installé dans le Morbihan, il est très rare
de rencontrer des âmes noires d’enfants, sauf s’ils sont
décédés d’une mort très violente, comme dans le cas d’un meurtre,
et ont vécu de grandes souffrances les amenant à vouloir
se venger. «
La plupart du temps, dans le cas d’enfants, les âmes errantes n’ont pas conscience du décès de leur corps physique et recherchent un contact affectif, à travers le jeu. Elles ne dérangent pas ou peu le monde des vivants. Mais si c’est le cas, après l’accord de tous, j’aide leur âme à partir. » Le père Gérard Berrier, exorciste dans les Alpes-Maritimes, précise que ces âmes errantes ne diffèrent pas de celles des adultes, si ce n’est qu’elles s’attachent plus souvent à une personne qu’à un lieu, car le lien affectif est plus fort. Pour lui, il n’est jamais souhaitable qu’une âme décédée puisse cohabiter avec une âme vivante ; il est donc important de les aider à partir. «
Il y a de plus en plus d’âmes errantes, car on ne respecte plus toutes les étapes rituelles de la bénédiction du corps, jusqu’à la messe des morts et de la sortie de deuil, permettant à l’âme de s’élever », précise-t-il.
Il ne faut pas confondre les phénomènes dits de « grande hantise » provoqués par l’âme errante d’un mort de ceux dits de « petite hantise » engendrés, consciemment ou inconsciemment, par le psychisme d’un individu, le plus souvent un(e) adolescent(e) perturbé(e). Dans les deux cas, on peut employer le terme de poltergeist, issu de l’allemand, pour désigner un esprit frappeur, provoquant des déplacements d’objets, des bruits, etc. Et un exorcisme peut être efficace. Dans le film de Juan Antonio Bayona,
L’Orphelinat (1), Simon est un enfant hypersensible qui côtoie des « amis invisibles », et il est difficile de savoir si les phénomènes proviennent ou non de son psychisme. Mais, parfois, des causes plus rationnelles cohabitent avec des phénomènes paranormaux, comme le raconte Yannick Salles : «
Dans une maison à Nantes, j’ai rencontré une petite fille qui exprimait une extrême violence physique et verbale, jusqu’à se taper la tête contre les murs, alors même que de nombreux phénomènes se produisaient autour d’elle. Par exemple, des verres tombaient et se cassaient sans son intervention physique. En réalité, une âme errante noire s’était collée à elle pour s’approprier son corps. Son psychisme était tellement perturbé d’abriter deux âmes qu’il provoquait des manifestations dans la matière… »
J’étais troublée, mais pas paniquée, même si j’entendais des sons et que je sentais ma couverture tirée par une force. J’ai détesté cette sensation poisseuse !
Les esprits joueurs d’un château varois
L’histoire se déroule dans un château du Var en juin 2012. Deux amies, Anne et Gabrielle, décident de participer à un stage de yoga durant trois jours. L’idée est avant tout de se ressourcer et de se reposer dans cette bâtisse édifiée à la fin du XVII
e siècle, avec ses magnifiques jardins plantés d’essences méditerranéennes et exotiques. Quand elles arrivent, les deux femmes ne savent rien de l’histoire de ce lieu. Elles s’installent dans une chambre au dernier étage, sous les toits, dans l’aile gauche, après avoir traversé une cage d’escalier qui les met particulièrement mal à l’aise. C’est au moment de s’endormir que d’étranges phénomènes commencent à se produire. Elles sont toutes deux réveillées par un son soufflé à leur oreille : (...)