« Quand l’enfant ferme les yeux, il disparaît. Et une partie de son corps qui n’est pas mobilisée lui reste inconnue. Le mouvement n’est pas important, il est indispensable, c’est la vie ! Rappelons-nous le fléau des pouponnières en Roumanie... », remarque Michèle Desrues, pédiatre à la retraite, professeure de yoga pour enfants et adultes, et formatrice.

Dans ces véritables « orphelinats de la terreur », des milliers d’enfants vivaient dans des conditions catastrophiques sous le régime de Ceausescu dans les années 1980. Entre autres traitements inhumains, ces enfants ne bougeaient pas et manquaient de contact humain. Nombre d’entre eux ont ainsi développé de graves troubles mentaux. Le mouvement favorise la communication entre le corps et les fonctions cognitives. C’est par lui que les enfants sont vivants, grandissent, apprennent à lire, à écrire, à compter…

Tous les enfants adorent se sentir puissants à travers les activités motrices et surtout les découvertes et progrès qui en découlent. Plus ils sentent leur corps répondre et leur faire connaître leurs capacités, plus ils se sentent confiants, ouverts et reliés aux autres, à la nature. Avec notre mode de vie civilisé qui n’encourage pas toujours ni ne stimule leur liberté de mouvement, on peut observer chez eux des difficultés émotionnelles, des troubles de la concentration et de l’apprentissage...

L’enfant apprend d’abord par l’action

L’homme est un être psychomoteur, chacun de ses actes témoigne de la manifestation conjointe de ses fonctions intellectuelles, affectives et motrices. Chez l’enfant, on parle de développement psychomoteur qui comprend la motricité, la prise de conscience de soi et de son corps, de son environnement spatiotemporel et des possibilités de s’y adapter. L’adulte est là pour l’accompagner dans l’acquisition de son schéma psychocorporel qui peut se faire de multiples manières, lesquelles sont indissociables du mouvement.

« L’enfant apprend d’abord par l’action et le mouvement, avec une personne qu’il aime bien, c’est-à-dire dans une relation affective et émotionnelle, ensuite viendra l’intellect », expose la professeure de yoga, qui était membre d’un groupe de recherche sur le yoga et l’enfant au sein du RYE (Recherche sur le yoga dans l’éducation). « Avec l’enfant, on est plus dans une approche du yoga que dans du yoga pur. On l’accompagne dans le développement de son schéma psychocorporel avec une mise en mouvement dynamique et ludique du corps, une approche de la respiration par une prise de conscience du souffle, une sensibilisation aux cinq sens. Tout ce qui va favoriser la mise en route de ses capacités corporelles est bon, le jeu est par exemple un moyen d’investir son corps, c’est le b.a.-ba de l’apprentissage », ajoute-t-elle. (...)