La méditation peut
se concevoir comme
un entraînement basé sur l’énergie et l’attention. Entretien avec Jacques Vigne, psychiatre
et méditant.
Quels sont les grands types de méditation ?
J’en distinguerais deux : les méditations de focalisation, qu’on pourrait appeler aussi de concentration. Elles sont basées sur le principe :
là où va l’attention va l’énergie, et consistent à focaliser l’attention sur un point – la respiration, un mantra, une qualité de conscience qui peut être la joie, l’attention aux autres, l’altruisme... –, ou encore sur des courants de sensations qui confluent dans un point. Par exemple, dans le yoga royal (
raja yoga), qui est la partie méditative du yoga, on fait converger les courants gauche et droit qui viennent des hanches et le courant central au milieu du front. Dans ce cas, l’énergie est dirigée. En revanche, avec les méditations d’observation –
vipassana, MBSR (en français : programme de réduction du stress par la pleine conscience) qui en est dérivé, zen,
vedanta... – on sort de ce mouvement énergétique et on l’observe de l’extérieur, comme n’étant pas soi. Dans ce cas, on laisse l’énergie circuler librement et on l’observe sans la diriger. Ce sont deux attitudes différentes par rapport à l’énergie. Mais on a toujours ces deux pôles : énergie et conscience.
Dans un cas on est actif, dans l’autre on se contente d’observer. Est-ce un bon résumé ?
Ce sont les deux grandes méthodes complémentaires de méditation. Le secret, c’est de les alterner. La méditation de concentration permet d’améliorer des points faibles de notre système psychique et énergétique, tandis que la méditation d’observation permet de décanter et voir le fond. Le côté observation est plus relaxant. Le côté concentration est plus stimulant. Lorsqu’on pratique les deux en alternance, un équilibre s’instaure.
Bio express
Psychiatre de formation, diplômé de la faculté
de médecine de Paris,
Jacques Vigne s'est installé en Inde il y a plus de 30 ans
et partage son temps entre pratique de la méditation, étude et écriture.
Est-ce qu’on peut définir la méditation comme un rééquilibrage énergétique ?
C’est d’abord un rééquilibrage énergétique. À long terme, on s’aperçoit qu’on peut élargir notre corps énergétique, ou subtil – un corps ressenti qui va au-delà des limites du corps physique et peut avoir des formes différentes, en fonction des zones sur lesquelles on se concentre. La méditation est une expansion de la sensation du corps, expression qui me paraît moins vague que celle d’« expansion de conscience ». Ça s’élargit, et dans cet élargissement, on a beaucoup plus de liberté de choix, de mobilité. On sait en neurophysiologie que lorsqu’on s’endort, il y a une altération du schéma corporel. En méditation, on va dans des états proches du sommeil, on apprend à guider cette altération du schéma corporel pour en faire un peu ce qu’on veut. Ce n’est pas la neuroplasticité, mais c’est la « subtilo-plasticité ». C’est le corps subtil qui devient plastique. (...)