Est-il vraiment raisonnable d’imaginer que des esprits existent ? Des milliers de personnes sur Terre seraient capables de communiquer avec d’autres mondes…
Selon les médiums, mais aussi les chamanes ou les guérisseurs, le monde invisible serait peuplé de forces, de champs ou de consciences, qu’ils désignent sous le terme d’« esprits ». Qui sont-ils ? Certains sont des personnes décédées, d’autres n’ont jamais été incarnés. Certains prennent une forme, animale ou humaine, d’autres manifestent leur présence par un son, une odeur ou encore une lumière. Ceux qui les fréquentent affirment qu’un trait commun aux esprits est d’exister en dehors de notre imagination, donc d’être animés par une intention, par exemple celle d’entrer en contact avec nous. La modalité d’existence des esprits étant essentiellement énergétique, on ne les rencontrerait pas dans un lieu précis (car ils se joueraient de l’espace comme du temps), mais à une fréquence donnée. Tout se passerait comme avec les ondes radio. Pour écouter une station de radio, inutile d’aller dans le studio d’enregistrement ; il suffit de se brancher sur la bonne fréquence. On entend alors la station qu’on a choisie, et pas les autres qui pourtant continuent d’émettre, mais à d’autres fréquences. «
Avec les mondes invisibles, c’est pareil, soutient le guérisseur Rodolphe Arnassalon, auteur de la trilogie
Eluhdia.
En choisissant une certaine fréquence vibratoire, on a la possibilité de choisir le type d’êtres avec lesquels on veut entrer en relation. »
Dans son travail de guérison énergétique, Rodolphe Arnassalon affirme qu’un groupe d’êtres invisibles, venus d’ailleurs, communiquent avec lui par télépathie et agissent à travers lui.
«
Ce n’est pas moi qui soigne, je permets juste à l’énergie de passer. Je suis un canal, un facilitateur, mais la guérison ne m’appartient pas du tout. » Également guérisseuse, auteure du récit
De la douleur à la douceur, Agnès Stevenin qualifie son travail de « collaboration » avec ses guides invisibles.
«
Leur taux vibratoire est très élevé, ils ne peuvent donc pas intervenir directement dans la matière. Je suis un peu leur équipe au sol, comme dans une compagnie aérienne : ils ont besoin d’un corps humain (celui du guérisseur) pour toucher un autre corps humain (celui du patient) », résume-t-elle.
En choisissant une certaine fréquence vibratoire, on a la possibilité de choisir le type d’êtres avec lesquels on veut entrer en relation.
Sur la même fréquence
Les médiums, qui entrent en contact avec les défunts
pour délivrer des messages aux vivants, affirment,
eux aussi, ne pas travailler seuls, mais être
accompagnés par leur guide spirituel. Cette entité,
souvent invisible, les soutiendrait pendant les
séances de médiumnité. Selon le médium Henry
Vignaud, se brancher sur la fréquence des morts
implique «
un effort des deux côtés ; le défunt doit
changer son niveau de vibration pour se rapprocher
de la matière, quant au médium, il doit élever le sien
pour se rapprocher de l’au-delà. La rencontre se passe
à mi-chemin entre les deux ». Il ajoute que, dans
son expérience, un contact médiumnique est souvent
saccadé et fugace, car on ne peut pas rester
très longtemps en dehors de sa propre vibration.
Cette nécessité de trouver la juste distance dans
les contacts avec l’invisible, Marie Lise Labonté la
connaît bien. Elle qui « canalise » des êtres invisibles,
en vue d’enseignements spirituels et de guérisons
énergétiques, avertit que pour se maintenir
en harmonie avec les deux mondes, une excellente
hygiène de vie est nécessaire, tant sur le plan physique
qu’émotionnel. Elle précise que des soins
énergétiques sur elle-même sont nécessaires, après
une séance de channeling, pour que son corps retrouve
son niveau de vibration habituel.
Des rencontres universelles
Pourquoi certaines personnes entrent-elles en contact avec les esprits et d’autres non ? Pour les premières, il s’agit rarement d’un choix délibéré mais d’un phénomène spontané, qui se produit souvent dès la petite enfance. De fait, 20 % des 11-13 ans perçoivent des voix ou ont des visions, selon une étude européenne récente, qui souligne que ces manifestations ne sont pas nécessairement des signes de psychose. Ce taux diminue avec l’âge : ils ne sont plus que 7 % des 13-16 ans, et 2 % chez les adultes. Si en Occident le phénomène des contacts s’arrête généralement à l’adolescence, c’est souvent que l’enfant se sent trop en décalage avec un environnement culturel où ces expériences ont tendance à être jugées comme pathologiques (quand ce n’est pas sous la pression directe de la famille). Mais le phénomène se manifeste aussi parfois à l’âge adulte, souvent après un accident. Ce fut le cas de la médium Leonora Piper, banale mère de famille de Boston dont les capacités médiumniques se sont brutalement révélées à l’âge adulte, après qu’elle a reçu un violent choc à la tête. C’est l’expérience de Nathalie, qui pendant son accouchement a subi une grave hémorragie et a failli mourir : depuis, un canal s’est ouvert avec le monde invisible et particulièrement avec celui des défunts, avec lesquels elle a désormais des communications auditives.
De fait, le lien avec les mondes invisibles n’est pas réservé aux spécialistes. La médiumnité, par exemple, «
n’a rien à voir avec un don divin. C’est juste une faculté, liée à un lâcher-prise », soutient le médium Reynald Roussel, qui insiste : «
Tout le monde a cette faculté d’entrer en relation avec les défunts, simplement chez un médium elle est ouverte. » Il en irait de même pour les contacts avec les autres formes d’esprits : chacun pourrait rencontrer son animal de pouvoir grâce au voyage chamanique, porté par la vibration du tambour ou l’effet de plantes spécifiques, ou encore son ange gardien, parfois appelé guide spirituel. D’ailleurs, anges et guides ne se manifesteraient pas forcément par une voix extérieure ou par une forme. Leur canal préféré pour se faire entendre serait l’intuition. Écouter la petite voix qui chuchote en soi, ce serait donc déjà se mettre à l’écoute du monde invisible et des guides qui nous orientent.
Grâce à la vision d’ensemble dont ils disposent, les guides seraient en effet capables de nous souffler les choix qui sont les meilleurs pour nous. Mais aussi de nous apporter un surcroît de force et de confiance. Quant au contact avec les défunts, il permet d’envisager la continuité de notre conscience.
«
Le mental distingue le visible de l’invisible, mais les deux ne sont pas séparés. La réalité est une, nuance le psychiatre Christophe Massin.
En Orient, j’ai rencontré des maîtres dont les capacités peuvent sembler extraordinaires. Mais ces phénomènes sont un peu secondaires si on les compare à la joie qui émane d’eux, à l’amour qu’ils sont capables de donner. Leur joie, leur amour, c’est ça qui est véritablement extraordinaire. »
L’essentiel, insiste le psychiatre, demeure donc l’ouverture du cœur, car «
c’est elle qui permet de ne plus résister au courant de la vie ».
Chacun
pourrait
rencontrer
son animal de
pouvoir grâce au
voyage chamanique.