Auteurs, romanciers, artistes ou thérapeutes créent – sur le papier ou en pensée – des histoires qui deviennent parfois « leur histoire » et leur vie matérialisées. Et si nous avions tous le pouvoir (sur)naturel de donner vie à notre réalité ? Et si nous imaginer un scénario et le mettre en scène dans les moindres détails nous faisait vibrer au diapason de cette nouvelle réalité au point de la créer ? Illusion ? Réalité !

Amour, réalisation de soi et de ses aspirations les plus grandes, guérison des blessures de l’âme ou exploration des dédales magiques de notre esprit labyrinthique : le champ des possibles est infini, car les seules limites sont celles de l’esprit… Conscients ou inconscients, ces individus ont fait de leur désir un rêve-réalité et nous en livrent les clefs.

Du rêve éveillé au rêve incarné

Longtemps amoureux de l’amour plus que de la vie, Alexandre Jardin est aujourd’hui amoureux tout court. Il vit pour la première fois un amour-papier devenu un amour-réalité. Célèbre romancier, Alexandre Jardin a fait rêver les âmes en quête d’amour idéal(isé) avec des romans comme Fanfan, Le Zèbre, L’Île des gauchers, Double-cœur… Avec La Plus-que-vraie (éd. Albin Michel), l’amour – la femme de sa vie – fantasmé s’est incarné sous d’autres traits que ceux du livre. Au-delà de tout ce qu’il pouvait imaginer, nous confie-t-il avec émoi. Par la magie des mots, pensez-vous ? Si le « choix » importe, les mots ne sont pas la seule porte vers la réalisation de nos aspirations. Sur l’autoroute du bonheur, en route vers celle qui fait battre son cœur, il a pris le temps de la pause pour regarder dans le rétroviseur et évoquer la manière de manifester sa fiction-réalité.

« La fiction me venge de l’affliction du réel », écrivait Yasmina Khadra. Alexandre Jardin aurait pu en être l’auteur : « J’étais sur ce modèle-là. Mais ce n’est plus le cas. » Avant, il fuyait la réalité. Il se consolait de la déception de la vie, des désillusions de l’amour en traçant des trajectoires amoureuses au cours extraordinaire. Il vivait par procuration. Jusqu’au jour où la mort lui a donné la vie. Face au vide abyssal de l’absence de ceux qui ont peuplé sa vie de manière parfois trop magistrale, Alexandre perçoit l’opportunité de changer. Pour « combler ce vide », il questionne ses désirs et réalise soudain que tout ne tient qu’à un mot : « niveau ». « Je n’avais pas le désir de quelqu’un, mais le désir de vivre quelque chose : l’amour absolu. » (...)