Cercles de femmes, Tentes rouges, Conseil des 13 grands-mères indigènes… Dans ces temps de changement, des femmes se rassemblent, décidées à jouer un rôle nouveau dans la transformation du monde.
Art de vivre
Oleg Bazhenov / Katherine Berseneva
De par le monde, les combats pour les droits des femmes sont plus que jamais d’actualité. En témoignent les récentes manifestations Save the Girls à New Delhi en Inde, le mouvement contestataire des Femen en Ukraine et bien d’autres. Mais les femmes se rassemblent aussi pour suivre le cheminement plus intérieur de leur dimension spirituelle, allant de la guérison des blessures à l’éveil du féminin sacré. Cette évolution est plus souterraine, moins vindicative, moins dualiste – elle prend en compte l’union avec le masculin – et elle s’inscrit dans une quête de valeurs plus en accord avec des qualités supposément propres aux femmes mais qu’elles doivent redécouvrir, tant elles s’en sont éloignées. Les femmes sont de plus en plus nombreuses à rejoindre des cercles qui leur sont dédiés, autour de la maternité, des sagesses ancestrales, de la sexualité et de la spiritualité.
La confusion des genres
À l’origine de ce mouvement, un besoin de retrouver une part féminine. Il semblerait en effet que pour se frayer une place, les femmes se soient coulées dans des modèles à dominante masculine. « En véritables guerrières, ces hyperbattantes ont misé sur une attitude activiste, basée sur le contrôle. Celui de leur corps, de leur image, des autres et même de la nature, de la maternité », explique France Schott-Billmann, psychanalyste et auteure de Le Féminin et l’amour de l’autre.
Dans la société actuelle, elles n’ont eu d’autre choix que de chercher à être les égales des hommes… en devenant en quelque sorte identiques. Une confusion des genres qui n’est pas sans risques, pour la psychanalyste : « Cuirassées pour être efficaces, elles ont oublié d’être réceptacles. Campées sur leur position défensive ou agressive, elles se sont coupées de leur ressenti, et de leurs forces vives. » D’où sans doute ce désir de revenir à soi.
« Aujourd’hui encore, les femmes ne sont pas dans un confort moral qui leur donne une véritable confiance en leurs valeurs », se désole Aude de Thuin, fondatrice du Women’s Forum. Ses rencontres avec des représentantes de tous âges et cultures du monde entier ont assis sa conviction que les femmes représentent des facteurs de changement importants pour construire une société plus éthique, respectueuse de l’autre, soucieuse de l’environnement… En matière de leadership d’entreprise, par exemple, les études Women Matter réalisées par McKinsey (2007), ont établi de manière frappante la corrélation entre excellence organisationnelle et présence féminine dans les organes de direction. Mais une étude récente montre qu’encore aujourd’hui, une femme doit en moyenne travailler 79 jours de plus qu’un homme pour gagner autant.
Pour Aude de Thuin : « Dans ce système patriarcal, la relation des femmes aux hommes comme protecteurs a toujours été le socle de leur existence, d’où l’insécurité permanente de dépendre d’un autre, physiquement et socialement plus puissant… afin de survivre. » Au registre des nouveaux défis à relever, « les femmes doivent s’affranchir des modèles anciens et participer pleinement au monde », conclut cette entrepreneuse hors du commun.
Un mouvement international
« Chez les Anciens, il est dit que ce sont les femmes qui vont porter le réveil de conscience, et qu’elles sont invitées à se rassembler », explique Wilma Mankiller, l’une des 13 grands-mères indigènes. Créé en 1994, le Conseil international des 13 grands-mères indigènes est constitué de femmes de sagesse, chamanes et guérisseuses venues du cercle polaire arctique, d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale, d’Amérique du Sud, d’Afrique, du Tibet et du Népal. Parcourant le monde pour diffuser leurs enseignements, elles insistent sur l’importance de maintenir les liens sacrés entre le peuple et la terre, et proposent une sagesse où les rituels, la prière et la médecine des plantes sont primordiaux. En droite ligne de cette initiative, de nombreux cercles autour de ces transmissions ancestrales se sont formés ; leur but est d’aider chaque femme à s’accomplir dans ses dons et talents personnels, pour rétablir une harmonie perdue.
« Coupées de nos racines, de nos cycles, de nos liens avec l’invisible et les esprits de la nature, nous privons le monde d’une part essentielle à son équilibre », rappelle Marisa Ortolan, thérapeute en biodynamique et animatrice de cercles intitulés Secrets de femmes. Et c’est dans les cercles de femmes, ces « chaudrons », ces matrices, comme les appellent les anciennes, qu’elles se retrouvent. Autrefois déjà, les femmes se réunissaient et se transmettaient leur sagesse. « Elles naissaient, vivaient et agissaient au sein de cercles de femmes. Pour leurs premières « lunes » (règles), elles étaient initiées, accueillies au sein de la « lignée des femmes », prêtes à recevoir de celles qui avaient marché avant elles, la sagesse des « lunes » et leurs énergies créatrice, sexuelle et spirituelle », précise Marie Motais, formée aux traditions chamaniques celte et amérindienne, et animatrice des cercles L’Envol des 3 lunes.
Cette tradition ancestrale semble avoir résisté à l’épreuve du temps et de la modernité. Pour preuve, l’émergence des Tentes rouges en 2008, développées aux Etats-Unis avec le mouvement BOLD (qui militait à l’origine pour une meilleure transmission entre femmes des expériences de la grossesse et de la naissance) : ce sont des groupes de parole de femmes, dans un lieu intimiste où l’ambiance est à dominante rouge comme les lunes – les règles – (tissus, coussins, et vêtements). Le but est de renouer avec cette transmission, au travers de partages sur son histoire, ses secrets, ses interrogations sur la nature du féminin. La parole est libre, « la gardienne des lieux est garante de la confidentialité des propos et du bien-être émotionnel des femmes. J’y ai trouvé une communauté de femmes qui créent une nouvelle manière de vivre ensemble, dans le partage et le soutien », témoigne Camille, 28 ans, psychologue, enceinte.
Un retour au corps « vivant »
La prise en compte du corps est centrale dans les cercles de femmes, avec sans doute le besoin inconscient de se le réapproprier. « J’ai été surprise de leur manque d’informations, voire de leur désinformation au sujet de leur corps, tout comme des grandes étapes de leur vie, à savoir l’adolescence, la maternité, l’accouchement, la ménopause… », témoigne Catherine Jamet, naturopathe formée au Cénatho (école de formation en naturopathie), et animatrice des cercles De la femme blessée à la femme vivante. Dans notre société, le corps est morcelé, jugé, dénigré. Trop occupées à traquer rides et capitons, 98 % des femmes de 18 à 64 ans, n’aiment pas leurs seins ni leurs fesses, nous apprenait une étude Dove en 2010. Par ailleurs, ignorantes de la magie de leurs cycles et de leur beauté naturelle, elles se sont coupées de leurs ressentis et du corps conscient. Avec à la clé de grandes tensions. « La zone du bassin, du ventre, du sexe et des cuisses est souvent tendue. Bien que l’énergie soit toujours présente, elle ne peut circuler librement en raison des déchets organiques et psychiques (émotions, douleurs, chocs non digérés…) stockés », déplore Marie-Hélène Sourd, psychothérapeute en biodynamique, une thérapie psychocorporelle, animatrice des Rendez-vous de la féminité. Autant d’éléments qui complexifient l’accès à leur nature profonde, sauvage et libre. Dans les cercles, les femmes retrouvent peu à peu la connexion avec leurs rythmes physiologiques (expériences sensorielles dans la nature, mouvements spontanés, prise de conscience du périnée, explorations corporelles) ; il s’ensuit alors un regain d’énergie, et la découverte de leur puissance créatrice.
Alors que la société de consommation exhorte l’individu à l’exhibition et à la performance, des femmes aspirent en secret à retourner au mystère. Au-delà des occupations quotidiennes et de leurs engagements sociaux, elles possèdent aussi la faculté et le goût de la transcendance dont parlait le psychiatre Jacques Lacan, lorsqu’il disait : « Je soupçonne toute femme de nous tromper avec Dieu ! » « Nous célébrons cette force de vie qui nous unit, les eaux primordiales et matricielles, la beauté et la puissance de la femme », expliquent les créatrices des rencontres sacrées aux Saintes-Maries-de-la-Mer, Sophia Clémenceau, Carol Anpo Wi et Fabienne Gaïté, formées aux traditions chamaniques et spirituelles. L’événement annuel réunit chaque automne plus de170 femmes ; rituels et cérémonies sont dédiés aux 4 éléments : air, terre, eau, feu. Ce cercle, en écho à tant d’autres qui fleurissent de toutes parts sur un modèle approchant, offre des temps pour nourrir ce sentiment d’être accordée aux cycles naturels, aux lois du cosmos… et au divin. C’est un renversement des valeurs qui est proposé : compassion, écoute, respect du corps et de la nature, ouverture aux expériences spirituelles, sont autant d’attitudes encouragées. En ces temps de crise, les groupes donnent la force de les mettre en œuvre.
Directrice de la collection l’Éveil du féminin et créatrice du blog uneaura4étoiles dédié à ce mouvement, elle suit des enseignements chamaniques et participe à des cercles de femmes depuis une quinzaine d’années. Catherine contribue au magazine Inexploré depuis plusieurs années en tant que journaliste. ...
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