« Une de nos grandes blessures
est de nous sentir séparés de
la nature. Nous avons perdu la mémoire
de qui nous sommes vraiment ; nous
sommes la graine, la feuille, le fruit
et l’arbre », pose d’emblée Marianne
Grasselli Meier, écothérapeute, qui
puise son inspiration dans une approche
d’art-thérapie liée aux pratiques
chamaniques amérindiennes. Sa proposition
? Nous
« accorder » au rythme
des saisons, pour renouer avec notre
environnement et notre propre nature,
grâce à des écorituels.
« Les saisons
nous offrent un enseignement pragmatique
au quotidien pour répondre à
notre quête d’équilibre », poursuit notre
experte.
Comment s’y prendre ? En observant
les différents changements
qui s’offrent à nous à chaque saison.
En nous accordant au rythme de la nature,
nous touchons au coeur du vivant,
en quelque sorte : il devient possible de
faire confiance à nos propres capacités
de croissance et de transformation.
L’automne pour lâcher prise
« Marqué par les moissons, qui
ont débuté en été et peuvent
se prolonger jusqu’en octobre, et les
derniers rayons intenses du soleil, l’automne
est une phase de profond lâcher-
prise », explique Marianne Grasselli
Meier.
Dans la tradition celtique, la
terre est dans le contentement d’avoir
donné ce qui sera amené à éclore, et
prête à laisser aller ce qui doit partir. Si
le printemps est associé au renouveau
et l’été à la plénitude, l’automne, pour
sa part, correspond à une descente et
l’hiver au point le plus bas de cette descente.
« C’est un puissant moment de
transformation : feuilles, fruits à coque
choient et vont être recyclés en humus,
nous invitant nous aussi à relâcher ce
qui nous alourdit ou qui a passé son
point de culmination », traduit l’écothérapeute.
La vie citadine nous éloigne de
cette connexion avec la nature, pourtant
celle-ci est partout autour de nous.
Un arbre en bord d’avenue, un oiseau
qui chante, laissant des plumes sur le
bitume, des jardins partagés… Pour inviter
la nature dans notre quotidien et
dialoguer avec elle, nous pouvons lui
faire une place :
« Lui dédier un autel est
une pratique simple à mettre en place »,
propose Marianne Grasselli Meier.
En pratique
Prévoyez une promenade
« en
conscience », que ce soit dans une forêt,
un parc, un square. Il s’agit de se
laisser surprendre par tous vos sens.
En respirant les odeurs environnantes,
la terre, l’herbe… Observez avec une vision
dite
« flottante » les feuillages qui
changent de ton, écoutez la mélodie du
vent. Laissez-vous attirer par différents
éléments au sol : feuilles, branches,
pierres… En quoi sont-ils l’expression
de cette nouvelle saison ?
Collectez
différents éléments naturels. Une fois
de retour chez vous, choisissez un emplacement
et sur un tissu, déposez
votre récolte. Prenez quelques instants
pour ressentir. Avec des mots simples,
vous pouvez prononcer votre intention,
comme :
« Que cet autel soit mon lieu
de rencontre avec l’âme saisonnière
de l’automne. » À chaque nouvelle promenade,
vous pourrez ajouter d’autres
éléments à votre autel, en gardant à
l’esprit le mouvement de transformation
proposé par l’automne.
Bio Express
Musicothérapeute,
écothérapeute en artthérapie
chamanique, la
Suissesse Marianne Grasselli Meier
privilégie l’expérience créative reliée
à l’écospiritualité amérindienne
comme la Roue de médecine et la
pratique de rituels, en connexion
avec notre environnement. Fin 1990,
elle fonde et anime le Cercle de
grâce, des rencontres sacrées où
résonnent voix et tambours pour
honorer les rythmes saisonniers.
La musique est l’outil principal de
ses accompagnements, qu’ils soient
sous forme de développement
personnel ou de thérapie.
S’enraciner
tel un arbre
En automne, le vent peut souffler
avec vigueur, tout semble s’envoler.
La saison, nous invite à
« lâcher » le
superflu, tout en restant bien ancrés.
« Prenons exemple sur l’arbre, qui se défait
de sa parure, ses racines plongeant
profondément dans la terre, pour traverser
sans encombre la saison froide », propose Marianne Grasselli Meier. Pour
préserver notre stabilité, l’ancrage est
nécessaire en cette saison automnale :
devenons tel un arbre, bien enraciné
entre terre et ciel.
En pratique
Profitez d’un jour où le vent souffle,
pour faire une balade. Repérez un
arbre qui vous inspire de la force. Face
à lui, ressentez l’agitation autour de
vous, les feuilles qui virevoltent. Prenez
de grandes respirations, puis
laissez ce mouvement ralentir à l’intérieur de vous. Vous êtes de plus en
plus calme. Prenez conscience des
racines sous vos pieds, qui plongent
dans la terre. Sentez le vent qui vous
bouscule, laissez-vous faire. Tout le
haut de votre corps bouge, vos pieds
restent stables. Ressentez ! Dans une
grande inspiration et dans un geste
ample d’ouverture des bras, placez vos
mains au niveau de votre front. Apaisez
votre mental, restez un instant immobile,
relâchez les bras et laissez-vous à
nouveau balancer au gré du vent. Puis,
dans une grande inspiration et dans
un geste ample d’ouverture des bras,
placez vos mains au niveau de votre
coeur : apaisez vos émotions. L’esprit de
l’automne continue de souffler, et vos
balancements se font plus amples. Puis
accroupissez-vous et touchez le sol.
Captez sa force, son immobilité rassurante.
Relevez-vous en ramenant vos
mains au niveau de votre bassin, pour
amplifiez votre ancrage, votre stabilité.
Quand vous vous sentez déstabilisé
face à des changements ou un imprévu
vous pouvez refaire cet exercice et ressentir
une force tranquille.
Contacter
son être
profond
Nous sommes de plus en plus sollicités
dans notre quotidien et la
rentrée nécessite d’adopter un rythme
soutenu, alors que la saison de l’automne
préconise le retour à soi. C’est le
moment pour renforcer notre intériorité,
avant d’entamer le voyage en soi que
préconise l’hiver. Les fruits à coque sont
un symbole automnal de ce repli salutaire.
« Nous aussi, nous avons besoin
de protection, pour protéger notre être
profond », expose Marianne Grasselli
Meier.
En pratique
Bien assis au sol confortablement, en
contact avec votre bassin et le poids
de votre corps, un fruit à coque près de
vous (châtaigne, noisette, noix...), respirez
profondément, les yeux fermés.
Appelez l’esprit de l’automne pour vous
relier à votre intériorité, votre être profond.
Ouvrez les yeux, prenez le fruit à
coque et observez-le. Que vous inspire-t-
il sur vous, sur votre protection ? Vous
pouvez prononcer à haute voix :
« Comme
cette coque de noix, je sais me protéger,
je respecte mon intimité. » Ouvrez
la coque et découvrez l’intérieur, le symbole
de votre être profond, votre force,
vos rêves secrets, vos qualités, celles
que personne ne peut vous enlever.
Ressentez, il s’agit de votre intégrité.
Laissez émerger ce qui vous qualifie…
Plus tard, si vous vous sentez vulnérable,
refaites cet exercice pour cultiver votre
force intérieure.
Éclairer son chemin grâce au solstice d’hiver
En hiver, le temps est au calme et au
silence, pour régénérer ce qui a été
productif pendant neuf mois.
« De la
même manière qu’un buisson ne peut
fleurir pendant toute l’année, nous
avons aussi besoin de nous recentrer
sur nous-même et nous relancer au
printemps avec une nouvelle force de
vie », rappelle Marianne Grasselli Meier.
C’est aussi un moment privilégié pour
se rappeler son chemin et célébrer ses
ancêtres, sa lignée, sa force de vie et
son moteur de développement.
Le solstice d’hiver était célébré par
les Anciens comme symbole de la renaissance
du soleil.
« En effet, le 21 décembre
marque le jour le plus court et
la nuit la plus longue de l’année, soit
le passage du moment le plus sombre
avant le retour du soleil », nous explique
Marianne Grasselli Meier. Sur le plan
symbolique, c’est un moment parfait
pour
« éclairer » notre chemin. Happés
par la frénésie du quotidien, nous pouvons
oublier que la route que nous
avons tracée contient de véritables
cadeaux, alors l’hiver est synonyme de
froid, de repli, et peut être vécu négativement.
Le solstice est une occasion de
s’offrir un temps d’introspection nécessaire
pour renaître à nouveau, avec plus
de confiance. Le brouillard finit toujours
par se lever !
En pratique
Le jour du solstice, faites une promenade
dans la nature à la fin de la
journée. Mettez-vous en contact avec
les moments forts de votre vie qui se
sont déroulés depuis l’hiver dernier et
ramassez un caillou pour chacun d’eux
(entre 4 et 10). Laissez-vous envelopper
par la nuit qui tombe. De retour chez
vous, préparez un nombre de bougies
identique à celui des pierres. Posez
votre intention en des mots simples
comme
« je retrouve le fil de ma vie ».
Prenez quelques respirations profondes,
ralentissez le rythme de vos pensées,
accueillez-vous dans l’instant. Puis délimitez
une allée sur le sol, que vous
balisez en déposant en ligne vos bougies
éteintes. Parcourez-la en posant
consciemment une pierre : que représente-
t-elle comme événement significatif
? Y a-t-il des similitudes entre la
forme, le poids, la rugosité de la pierre
et vos souvenirs ? Poursuivez en plaçant
une à une vos pierres. Une fois au bout,
ressentez la nuit qui vous enveloppe.
Puis allumez une à une les bougies et
en refaisant le chemin inverse, laissez
les liens entre les évènements émerger,
les cadeaux apparaître, la lumière
revenir. Votre chemin de vie s’illumine
Laissez-vous le temps de vivre les émotions
qui affleurent.
Remerciez-vous.
Éteignez les bougies.