Bruits inhabituels, baisse soudaine de température ou perturbations des appareils électroniques ? Cauchemars récurrents ou sensations d’une présence qui vous observe ? Et si vous viviez en présence d’un colocataire... défunt ? Que vous souhaitiez cohabiter sereinement ou aider ces âmes à passer leur chemin, il est important d’adopter les bons gestes face à ces présences invisibles.
Une étude
(1) sur les croyances dites « irrationnelles », publiée en 2023, indique que près d’un quart des Français interrogés admettent « croire en l’existence des fantômes » – contre 5 % en 1982. Peut-être faites-vous partie de ceux qui s’interrogent en nombre, face à des phénomènes intrigants qui se manifestent dans leur maison… Lorsque l’on touche à ce sujet souvent malmené et caricaturé, la précaution est de mise. Dans quels cas peut-on réellement parler de hantise ? Et comment distinguer les différents types d’occurrences ?
Edgar Allan Poe parlait de «
lieux où les âmes tourmentées cherchent le repos » ; Stephen King évoquait quant à lui «
des réceptacles pour les souvenirs, souvent douloureux ». Et ces icônes du fantastique semblent toutes deux détenir une part de cette réalité bien complexe…
Fantôme, mémoire
ou phénomène naturel ?
On distingue généralement les fantômes – ces personnes décédées qui ne voudraient ou ne pourraient pas quitter un lieu – des mémoires des lieux, rattachées à des événements personnels ou historiques douloureux. Les défunts coincés entre deux mondes n’auraient pas toujours conscience d’être décédés, et pourraient rester
ad vitam æternam dans leur ancien lieu de vie, auquel ils demeureraient attachés. «
Ces entités ont pu être accidentées, ou sont mortes soudainement, et sont alors complètement perdues… Tout dépend du niveau de conscience de l’âme en question », explique la thérapeute Laure C. Langlois, qui intervient pour le « nettoyage » de lieux lorsque leurs habitants subissent une gêne qui ne trouve pas d’explication rationnelle.
La spécialiste distingue les défunts des « larves », des énergies de faible fréquence qui s’accrocheraient à un lieu, souvent suite à des émotions lourdes ou des événements négatifs. Elles sont perçues comme
« parasites » parce qu’elles capteraient l’énergie de ceux qui vivent dans la maison et les fatigueraient sur le plan physique ou émotionnel. Ces larves, nous dit-elle, pourraient «
par exemple être formées par les cris d’un couple qui s’est déchiré… »
Enfin, entre autres possibilités, certaines perturbations seraient la matérialisation d’un phénomène naturel. Selon l’approche géobiologique, les variations dans le champ électromagnétique ou les ondes telluriques (cheminées cosmo-telluriques, failles ou réseaux…) pourraient influencer les perceptions et provoquer des
expériences inhabituelles. L’habitude, le discernement, ou parfois l’aide d’un spécialiste, médium ou géobiologue, permettent de distinguer ces différentes manifestations. Mais, quelle que soit leur nature, l’essentiel est d’adopter une approche sensible et adaptée.
Comment alléger les lieux ?
Comment réagir si vous êtes face à un phénomène subtil vous perturbant négativement ? En premier lieu, il s’agit de changer de perspective sur l’habitat, pour le considérer non pas comme bien matériel seul, mais comme une entité propre. Lors d’un emménagement, se présenter aux éventuels « occupants » semble opportun, de même que demander si notre présence est souhaitable, recommande Laure C. Langlois. Ensuite, considérer que l’âme de la maison passe par le respect de la construction, comme le suggère Bruno Verdier : «
Certaines maisons ont une belle vibration, et des personnes vont sans conscience transformer les lieux sans respecter le bâti. Le lieu en gardera aussi une mauvaise mémoire. »
Par ailleurs, les spécialistes suggèrent de traiter l’habitant, en même temps que le lieu : «
Si je sens qu’il y a des empreintes, notamment de mémoires négatives inscrites dans les murs, alors il faut les nettoyer. Mais en réalité, ces mémoires négatives font résonance avec nos propres mémoires. En les enlevant, le géobiologue fait probablement un bon geste, mais s’il oublie de “traiter” la personne ou d’inviter les personnes à se traiter elles-mêmes, le travail n’est qu’à moitié fait », décrit le géobiologue. Ce « traitement » peut passer par un meilleur soin de notre santé physique et énergétique, afin de maintenir ses vibrations élevées. Dans son ouvrage
(2), le journaliste et auteur Thierry Penin constate en effet que «
non seulement vous attirerez à vous les situations et les personnes en adéquation avec vous, vos envies et vos projets, mais votre énergie sera un rempart contre les entités à la recherche d’un corps physique ».
Pour Laure C. Langlois, l’histoire du défunt et celle du vivant seraient en effet entrelacées. Il y a alors quelque chose relevant d’un récit commun à dénouer pour que chacun puisse continuer sa route plus paisiblement : «
Il arrive que le défunt s’attache au vivant pour faire passer un message. Je mets alors en place un protocole particulier, qui va libérer tout à la fois le défunt et le vivant. C’est très touchant, car les défunts sont conscients de ce qui est en jeu pour le vivant, et peuvent simplement leur passer le message : “prends soin de toi, tu es la priorité” ! Une fois le message transmis, le défunt peut partir et beaucoup de déblocages s’opèrent ; les gens avancent avec plus de fluidité. »
Faire soi-même
le travail au sacré
Si l’on souhaite soi-même libérer ou alléger les lieux, il convient d’agir avec toutes les précautions requises. Plusieurs possibilités s’offrent à nous : le simple fait d’entretenir avec soin l’habitat peut contribuer à un retour de l’équilibre : «
Il est important […] de se séparer de ce qui n’est plus nécessaire, du superflu, de ce qui n’est plus en accord avec nous-mêmes, de la même façon qu’on renouvelle une garde‐robe en ne conservant éventuellement que quelques‐uns de nos vêtements préférés. La joie persiste, ou se retrouve, et le taux vibratoire s’en trouve amélioré », préconise Thierry Penin.
Mettre en place des rituels contribue à pacifier les défunts. Laure C. Langlois propose quelques pistes :
«
On peut brûler un bâton de sauge orienté vers le bas pour que la fumée remonte et “nettoie” sur son passage. Les cures de sel, que l’on peut disposer dans la maison sont aussi très efficaces. On peut aussi faire de la visualisation pour envoyer de la lumière sur les lieux, et prier en fonction de ses croyances. » Elle précise qu’il s’agit avant tout de «
faire les rituels qui nous parlent, qui vibrent pour nous, puisqu’il faut les “vibrer” pour que cela fonctionne ». L’intention est ainsi plus puissante que l’acte en lui-même ! Toutes les approches sont envisageables, nous dit-elle, dès lors qu’elles sont faites avec sensibilité : «
Il ne faut pas y aller en force, mais demander l’autorisation à la maison, et parfois, quelques gestes faits dans l’amour suffisent à libérer les âmes coincées. »
Enfin, lorsqu’on se met à leur écoute, les lieux peuvent avoir des demandes spécifiques. C’est ce dont témoigne Pierre, qui, lors d’un séjour dans une maison ancienne, a fait des rêves violents et s’est trouvé paralysé, puis soulevé au-dessus du lit. En discutant avec les propriétaires, il apprend qu’il s’agit d’un ancien presbytère dans lequel les lépreux séjournaient. Il se souvient : «
J’ai ressenti comme un mur de frissons en allant dans
le jardin. Quantité d’âmes s’y trouvaient bloquées. Le temps de notre séjour, j’en ai donc pris soin : j’ai taillé les haies, balayé, tout remis au propre ; j’ai placé un petit ange dans le mur, et tout s’est alors allégé… » Finalement, le lien que nous tissons avec les lieux, qu’ils soient « hantés » ou simplement chargés d’histoire, nous invite à percevoir nos maisons non seulement comme des abris, mais aussi comme des témoins silencieux de nos vies et de celles qui nous ont précédés.
(1)
Étude Ifop sur les croyances irrationnelles et les superstitions aux États-Unis et en France publiée en mars 2023.
(2)
Comment se libérer des esprits
possessifs et des entités ? Thierry Penin, éd. Exergue, 2024.