Face à l’expérience singulière du « mourir », l’euthanasie questionne la profonde dualité entre l’aspiration légitime à mettre fin à la souffrance et les dilemmes éthiques que ce geste soulève. L’occasion d’ouvrir le dialogue avec des spécialistes de tous bords.
Fin de vie
Getty/Reza Estakhrian
« Tâchons d’entrer dans la mort les yeux ouverts », conseillait Marguerite Yourcenar. Mais qu’est-ce que mourir les yeux ouverts ? Il est délicat d’apporter une réponse unique et définitive… En effet, quoi de plus universel que la mort, quoi de plus intime que « sa » mort ? Le débat qui entoure l’euthanasie nous propulse dans une zone grise, tissée de questionnements en clair-obscur et autres ambivalences face à notre finitude. Au-delà des arguments « pour ou contre », ce sujet met en lumière la fin de vie : son accompagnement, sa complexité et son mystère.
Des médecins face à l’euthanasie
« Docteur, rendez-moi ma liberté ! » Ce cri figure en titre de l’ouvrage du médecin belge Yves de Locht, qui y témoigne de sa pratique de l’euthanasie, autorisée légalement en Belgique depuis 2002. Jamais ce geste, dont il souligne qu’il est l’aboutissement d’un processus légal très encadré et collégial, n’y apparaît comme un acte banal et machinal. « L’euthanasie est empreinte d’une rare gravité dont Yves de Locht ne minore nullement le fardeau », écrit en préface le député Olivier Falorni, qui se bat pour la mise en place d’une aide active à mourir en France(1). Au travers des témoignages, l’euthanasie apparaît souvent comme une bouleversante délivrance, à la fois pour les patients et leurs proches. « C’est un cadeau que vous me faites, docteur », confie un patient à Yves de Locht. Pour ce médecin, comme pour d’autres, pratiquer l’euthanasie revient à donner « le dernier soin ». « Je ne suis pas un donneur de mort. Ce n’est pas la vie que j’abrège, c’est l’agonie », précise-t-il. Le professeur François Damas, ancien chef de service des soins intensifs et membre du comité d’éthique de l’hôpital de la Citadelle à Liège, envisage ce geste ultime comme faisant partie intégrante de sa mission de médecin : « La loi sur les droits des patients confie les soins de santé aux docteurs. Or quelle est la définition des soins de santé ? Promouvoir, restaurer ou maintenir la santé et accompagner la fin de vie. L’euthanasie fait partie de la fin de vie. »
Dans son livre La mort choisie, François Damas témoigne des enjeux de l’euthanasie, mais la mort peut-elle être un choix ? Sa réponse fuse : « Bien sûr ! Au terme d’un long périple, où il n’y a plus d’autres perspectives, un malade peut très bien décider de la manière dont il va mourir. C’est ça, la mort choisie. En fait, il ne fait pas le choix de la mort, puisque s’il pouvait choisir entre la vie et la mort, il choisirait la vie, mais lorsque la situation est sans issue, il peut choisir la manière de mourir : attendre que la maladie l’emporte de manière naturelle, être accompagné par des soins palliatifs pour que les choses se passent au mieux (quitte à pratiquer une sédation profonde si les souffrances sont trop importantes), ou décider du dernier moment où il peut dire “au revoir” à ses proches, en formulant une demande d’euthanasie. » Sans l’idéaliser, il souligne que la spécificité de la mort par euthanasie est une mort lucide et consciente (contrairement à un décès accidentel ou comateux). Délibérément, les yeux ouverts, le patient dit : « Allez-y, docteur, je suis prêt. » « Dans cette acceptation de la mort, il manifeste le plus souvent une sérénité et un apaisement remarquables. Au-delà de l’inévitable chagrin de la perte, cela offre une possibilité de consolation pour les proches. » D’expérience, François Damas observe que le parcours qui précède nécessairement et légalement l’euthanasie permet d’ultimes échanges, de régler certaines choses, de ritualiser le départ. Quels sont les « mots de la fin » que les patients prononcent ? (...)
Après avoir aiguisé son art journalistique en qualité de rédactrice en chef de divers magazines belges, Carine Anselme décide un jour de ne plus tremper sa plume que dans ce qui la touche au plus profond de son être et qu’elle rassemble sous le vocable « écologie humaine ».
De « Psychologies magazine » (édition belge) à « Bioinfo », en passant par « Gael », « Nest » ou encore « Terre Sauvage », elle est devenue une journaliste incontournable sur tous les sujets qui touchent aux médecines altern ...
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Inexploré n°61
Karma
Le karma existe-t-il vraiment ? Peut-on alléger ou transformer son karma individuel, collectif ? Comment agir avec justesse, pour soi et le monde, à chaque instant de nos vies ? Dans ce nouveau numéro, Inexploré passe au crible une notion spirituelle souvent galvaudée et pourtant essentielle pour toute personne en quête d'harmonie et de sacré. Le bouddhisme, l'hindouisme et d'autres traditions ancestrales nous enseignent avec précision les lois et mécanismes de ce phénomène mystérieux, qui impacterait nos vies à travers le temps et l'espace.
Frédéric Lenoir et Charles Pépin sont également mis à l'honneur dans des interviews exclusives, en lien avec les thématiques du dossier. Bonne découverte de ce numéro hivernal !
Et si nos capacités de réanimation nous permettaient d'envisager un « au-delà » ? C'est ce que pense le Dr Jean-Jacques Charbonnier, médecin anesthésiste-réanimateur, qui a rassemblé dans son dernier livre « sept bonnes raisons » d'y croire.
Le « dialogue transcendant » qu’elle ressent depuis l’enfance, sa connexion
aiguë au monde qui l’entoure, sa troublante initiation à l’ayahuasca… Fidèle à sa
liberté de ton, l’écrivaine nous confie une part très personnelle de sa vie, jalonnée
d’expériences extraordinaires.
1 janvier 2013
Amélie Nothomb - Ouvrir les portes de la perception
Aide-soignante, Christelle Dubois a développé une communication intuitive avec des personnes mourantes ou dans le coma. Une approche qui pourrait ouvrir un nouveau champ des possibles pour les proches, souvent démunis.
Dans son nouveau livre Après…, Stéphane Allix dévoile que plus d’un quart
des personnes en deuil font l’expérience
de formes diverses de communication
spontanées après le décès d’un proche.
Preuves supplémentaires de la réalité d’une
vie après la mort, ces expériences nous
invitent en outre ...
14 octobre 2018
Et si le sens de la vie se révélait dans les épreuves ?
L’écrivain et psychologue
Marie
de Hennezel, auteure
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empêche
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et de La mort intime, a
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Les leçons apprises à leur
chevet ne se sont jamais
démenties.
Depuis plus d’une cinquantaine d’années, le psychiatre Stanislav Grof, mène des recherches sur les états non ordinaires de conscience. Exclusivement pour l'INREES, il livre ses réflexions et le fruit de ses recherches autour de la mort.
Et s’il existait un type de relations avec nos défunts, encore méconnu de nous qui pourrait remettre en question la nature même du deuil, et de notre futur ? La professeure de théologie suisse Lytta Basset bouleverse toutes nos idées ...
20 octobre 2022
Les relations dans l’au-delà avec nos défunts : une étape clé du deuil !
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