Par Pierre Turlur
Voici racontées trois vies prodigieuses et trois sensibilités japonaises bien distinctes.
Avec maître Dôgen au 13ème siècle, la délicatesse d'un grand lettré est au service de l'expérience de la méditation et de la diffusion de l'éveil entamée à son retour d'un long voyage dans les monastères chinois. Un homme à la frêle constitution, fondateur d'un ordre rigoureux mais qui aime aussi chanter les montagnes et la nature comme expression vivante de la vérité.
Cinq siècle plus tard, Ryokan, poète errant et moine mendiant : il nous touche par sa naïveté désarmante et éclairante, son amour des êtres et des femmes, son goût du jeu avec les enfants des villages traversés, sa joie et sa bonté qu'il partage dans des haïkus fulgurants, chefs-d'oeuvre du genre.
Et enfin Santoka, au début du 20ème siècle, qui passe sa vie à la perdre, devient moine zen puis vagabond alcoolique. Toujours en quête d'éveil, il compose des poèmes déchirants et audacieux qui témoignent avec force de la débâcle de ses illusions et du monde traditionnel qui l'entoure.