Par Anne Dufourmantelle
Le rêve ferme la boucle d’un certain temps de notre vie pour en ouvrir un autre. Il est le signe que quelque chose a eu lieu. Ni seulement présage, ni uniquement valeur de refoulement ayant échappé aux becs de la censure, il est une représentation de quelque chose qui est au bord de basculer. Comme pour les créateurs que leur œuvre précède, il est signe d’un accomplissement, parfois dramatique, parfois merveilleux, ou simplement inquiétant, de quelque chose qui commence d’exister (mais continue de nous échapper), et peut venir ainsi se faire présent à nous-mêmes. Le rêve ne dit pas ce qui va arriver, il nous autorise à penser du temps autre. Le rêve est ce qui rend possible la conscience et non l’inverse.
L’auteur rapproche également le rêve de la figure symbolique de l’ange, messager de la parole, comme l’est le rêve de notre plus intime et secrète identité. L’Intelligence du Rêve est plus vaste que le moi qui l’abrite, et c’est en lui faisant hospitalité que nous devenons des inventeurs et des explorateurs.