La kinésiologie est un ensemble de techniques issues du mariage entre la médecine traditionnelle chinoise et les recherches occidentales sur les marqueurs somatiques.

À l’origine de la méthode, un constat : le tonus musculaire s’affaiblit dès que quelque chose nous perturbe. C’est ainsi que Françoise Llorca, kinésiologue, auteure et formatrice, explique que « la kinésiologie facilite l’autoguérison, en ce sens qu’elle permet d’accéder, via le test musculaire, aux poches mémorielles qui ne sont plus en accès libre pour nous ». Le principe est simple, « le corps est un déséquilibre qui s’équilibre naturellement à chaque instant selon la notion d’homéostasie. Mais parfois, le corps ne parvient plus à se rééquilibrer tout seul », précise la kinésiologue. C’est à ce moment-là qu’il faut entrer en dialogue avec lui, enquêter en lui posant les bonnes questions et en lui donnant les bonnes informations. « C’est bien la spécificité de la kinésiologie : c’est d’être en prise directe avec le corps, et donc de court-circuiter le mental. On dialogue directement avec les muscles, puisque les muscles sont les intermédiaires entre les organes-viscères et le thérapeute, en sachant que chaque organe-viscère est relié à des émotions, selon la médecine traditionnelle chinoise », explique Julie Girard, kinésiologue, formatrice et spécialiste de l’analyse transactionnelle. Alors, si une consultation avec un kinésiologue reste la voie la plus sûre pour régler un déséquilibre, il est tout de même possible d'explorer déjà quelques pistes par soi-même.

1. Apprendre à s’observer

Pourquoi passer par les muscles pour tester son état d’être ? « Lorsqu’un kinésiologue teste les muscles, il sollicite l’intelligence des neurones miroirs par influx nerveux », souligne Julie Girard. Elle nous dévoile, à titre d’exemple, que lorsqu’on teste le quadriceps, c’est avec l’intestin grêle que l’on dialogue. En outre, l’intestin grêle est le siège de la capacité à métaboliser les expériences de vie et conduit, a fortiori, à comprendre la capacité à suivre l’élan du cœur. « Lors d’un test, on cherche à savoir si le courant passe dans ce circuit et s’il fonctionne correctement. On peut ainsi tester tous les systèmes du corps », ajoute-t-elle.

Comment s’y mettre ?

L’autotest : il consiste à former deux anneaux avec les index et pouces de chaque main, et à entrecroiser ces anneaux comme les maillons d’une chaîne. Puis on pense à une question fermée qui appelle la réponse « oui » ou la réponse « non ». On exerce une force vers l’extérieur. En somme, on tente de défaire les anneaux en tirant dessus. Si les doigts tiennent, alors la réponse est « oui ». S’ils cèdent et se détachent, la réponse est « non ». « Seulement, il y a un bémol avec ce test, puisque souvent, au moment où l’on a besoin d’une réponse, d’être guidé, on est dans un état émotionnel instable ou influencé par le mental. Dans ce cas, le test est à interpréter avec discernement, puisque les résultats peuvent être faussés. Il faut vraiment être aligné et libre de pensée discursive au moment où l’on effectue le test », alerte Julie Girard.

Le scan corporel : « L’auto-observation est certainement plus pertinente encore que l’autotest, puisqu’elle permet d’aller vers la conscience de sa corporalité, ce qui est très utile à renforcer pour la suite de sa vie », ajoute Françoise Llorca. Il s’agit de se recentrer et de déterminer si le corps se sent, dans l’ensemble, à l’aise, ou au contraire, si des douleurs ignorées se manifestent. « Généralement, les tremblements et l’accélération du cœur indiquent la peur, la lourdeur indique la tristesse, les tensions musculaires du trapèze ou du diaphragme indiquent la colère. Et contrairement à ce que l’on pense, une colère réprimée va sortir par des pleurs ou des actes inappropriés, pas forcément par des cris ou de l’énervement », précise Julie Girard.

Le scan émotionnel et mental : le principe est le même, mais en observant la vitesse de circulation des pensées et leurs qualités. Si le flux des pensées est rapide et agité, que vous êtes coincé dans un inconfort émotionnel, il est probable que vous soyez en état de déséquilibre. En outre, il existe une forme d’inconfort bien définie en kinésiologie, que l’on nomme « inversion psychologique ». Julie Girard indique que ce déséquilibre est profond : « On a perdu son nord, on ne sait pas où on va, qui on est vraiment, parfois on est dans la pensée irrationnelle, on peut peiner à accomplir les actes basiques du quotidien comme manger, dormir, entretenir des relations… »

2. Du mouvement pour se rééquilibrer

Vous avez identifié des zones de tension, des inconforts et vous souhaitez commencer à vous rééquilibrer. Les trois techniques suivantes peuvent vous y aider. Si ces exercices ne peuvent se substituer à une consultation avec un kinésiologue, ils sont un puissant support quotidien pour remettre toutes les latéralités en harmonie. « Je fais ces trois exercices tous les matins en arrivant à mon cabinet », explique Julie Girard avant d’ajouter : « Ils me permettent de rester alignée et centrée. On peut les faire plusieurs fois par jour, dès qu’on en ressent le besoin. Ils sont même bénéfiques en cas de grand déséquilibre, en attendant un rendez-vous avec un professionnel. »

Comment s’y mettre ?

Accorder les polarités haut-bas : une main est posée paume sur le nombril. On croise l’index et le majeur de l’autre main pour créer une prise neutre, puis on vient poser son index sous le nez, et le pouce sous la bouche dans le creux du menton. Ensuite, on masse en profondeur ces deux points, comme si on souhaitait se laver les dents. Cet exercice stimule les méridiens « conception » et « gouverneur », qui sont les chemins énergétiques fondamentaux du corps humain. À faire pendant 30 secondes maximum.

Relier la gauche et la droite : on garde la main sur le nombril. Les doigts de l’autre main restent croisés, mais la main s’ouvre et l’on vient placer le pouce et l’index de part et d’autre du sternum, sous les clavicules, à hauteur du point nommé « 27 rein » en médecine traditionnelle chinoise. On appuie et on masse pendant 30 secondes.

Harmoniser les polarités antérieures et postérieures du corps : la main sur le nombril ne bouge pas, et avec l’autre main, on forme un poing qui va venir frictionner vigoureusement le sacrum pendant 30 secondes également.

3. Mieux gérer certaines situations

La kinésiologie permet également de mettre en route des circuits énergétiques indispensables dans certaines situations de vie. « Nous avons des schémas neurologiques qui nous desservent, mais avec la pratique, on crée un nouveau schéma neurologique », explique Françoise Llorca. La kinésiologue propose trois exercices, extraits de son ouvrage Kinésiologie, mémoires et intelligence du corps.

Comment s’y mettre ?

Le mouvement croisé ou Cross Crawl : cet exercice permet de « mettre le contact », d’enclencher la circulation de l’énergie. C’est une technique de Brain Gym nécessaire au démarrage d’une action. Pour cela, il faut pratiquer les mouvements croisés suivants : toucher le genou gauche avec la main droite, puis le genou droit avec la main gauche. On peut pratiquer cet exercice vite ou lentement, en musique, yeux ouverts ou fermés.

Les tapotements : en cas de baisse d’énergie, on peut rapidement faire remonter son niveau d’énergie par des tapotements. Après avoir identifié l’emplacement du thymus, une petite glande en forme de feuille de thym située au niveau du sternum, tapotez celle-ci avec deux doigts. La pratique s’effectue également autour du nombril. On y retrouve, par analogie, les cinq éléments de la médecine traditionnelle chinoise.

Le 8 couché : cet exercice de Brain Gym permet d’améliorer la capacité à lire et à écrire, autant qu’il libère du stress et de la fatigue oculaire. « Il permet de développer une bonne coordination motrice fine, l’installation de structures pour la coordination œil-main et main-œil », témoigne Françoise Llorca. La communication est aussi améliorée. Pour faire l’exercice, sur un tableau ou dans l’espace, tracez des huit couchés en débutant par le centre du huit et en remontant. Seuls les yeux suivent le mouvement de la main. Tracez le huit avec une main, avec l’autre, puis avec les deux mains en même temps.

Finalement, le test musculaire reste très complexe à intégrer dans une pratique quotidienne. Seul un kinésiologue peut entrer en contact avec votre corps via les muscles, et comprendre ce qu’il a à dire. En revanche, selon les principes de la médecine chinoise traditionnelle, vous pouvez pratiquer quelques exercices régulièrement pour améliorer votre état d’être. Mais la kinésiologie reste, avant tout, une invitation à prendre conscience de sa corporalité.