Les temps anciens n’étaient pas forcément paisibles pour les populations, quel que soit leur rang, et la tentation de se protéger a trouvé en Anjou une solution dans la nature même du sol : la malléabilité du tuffeau.

Qu’il s’agisse des rues commerçantes comme à Souzay-Champigny, des églises comme à Doué-la-Fontaine, ou encore des chapelles creusées dans le roc comme à Coudray-Macouard ou à Saint-George-des-Sept-Voies, les terres de Saumur sont de signature troglodytique, c'est-à-dire taillées dans la pierre. Le château de Brézé a la particularité d’avoir d’abord été un village souterrain avant de naître à l’air libre, pour des raisons que l’on ne peut que supposer. Par ailleurs, le trésor de la cave sculptée de Dénézé-sous-Doué présente les mêmes énigmes.

Les sculptures de l’étrange

À Dénézé-sous-Doué, en 1956, deux garçons jouant au ballon découvrent un petit souterrain qui mène à une cave creusée dans la roche. Quelque 350 sculptures en recouvrent les murs. « Pièce maîtresse de ce véritable puzzle d’habitations troglodytes, la caverne sculptée de Dénézé-sous-Doué se réclame en même temps du centre cultuel et culturel avant la lettre, du refuge et en quelque sorte du sanctuaire secret », raconte Pierre Carnac, professeur d’université, dans son ouvrage dédié⁽¹⁾.

Un théâtre extraordinaire de figures en tout genre : des animaux, des hommes et des femmes de toutes catégories sociales – nobles, paysans, prêtres… D’après les costumes, il semblerait que cette œuvre gigantesque date du XVIᵉ siècle. On y suppose la représentation de personnages illustres tels que Catherine de Médicis, Henri II ou Diane de Poitiers. Les scènes sont parfois osées – certaines figures se touchent, sont nues ou mi-nues –, mais aussi issues du quotidien : accouchements, musiciens en train de jouer, processions, mariages, événements politiques. Toute l’humanité semble gravée ici, exprimant tous types de sentiments – plusieurs personnages crient, d’autres rient ou pleurent. Ce carnaval de l’étrange est celui d’un véritable monde fantasmagorique composé d’individus entrelacés. Que signifient ces parodies orgiaques où le grotesque côtoie le morbide, où les bêtes (singe, bélier, serpent) se mêlent aux humains ? Quel en est le symbolisme ?

Quelle association secrète ?

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