Par Catherine Despeux
La terre du Cœur s'exprime selon les circonstances,
L'Éveil n'est qu'apaisement.
Les phénomènes et l'Absolu sont sans obstruction,
Il y a simultanément production et non-production.
Le thème du dressage d'un animal a servi à illustrer comment une personne en quête spirituelle doit s'y prendre pour dompter sa nature et parvenir à l'Éveil.
Il existe plusieurs versions du dressage du buffle, avec un nombre variable d'étapes (quatre, six, huit, dix ou douze), certaines versions mettant l'accent sur l'aspect progressif du cheminement, d'autres mettant en relief l'identité des phénomènes et de l'Absolu.
Le dressage de l'éléphant n'illustre qu'une partie du chemin vers l'Éveil, celle qui mène à l'équanimité, et ses rapports avec le dressage chan du buffle ne sont pas connus.
La version du dressage du cheval est due à un adepte du Quanzhen, école taoïste très imprégnée de bouddhisme chan, mais exprimant aussi des notions communes au taoïsme philosophique et du chan, telle que la notion de simplicité et de spontanéité illustrée par ces deux vers :
La grand Voie ne nécessite ni ingéniosité ni habileté,
Il suffit de boire quand on a soif, de manger quand on a faim, de se reposer quand on est fatigué.
Biographie de l'auteur :
Catherine Despeux, sinologue, professeur émérite de l'Institut national des langues et civilisations orientales, est administratrice de l'Institut d'études bouddhiques. Bien connue du public pour ses ouvrages sur le Taiji Quan, le Qi Gong et l'acupuncture, elle est l'auteur de nombreux travaux et de traductions essentielles portant sur le taoïsme et le bouddhisme chan.